Nous sommes les cocréateurs de notre univers
Teilhard de Chardin dirait que l’humanité est effectivement cocréatrice dans le grand processus de la cosmogenèse. Dans Le Phénomène humain, il décrit l’univers comme un mouvement évolutif, où la matière s’organise en complexité croissante, culminant dans la conscience humaine. Avec l’émergence de la noosphère – cette sphère de la pensée – nous devenons des agents actifs, modelant l’avenir par nos choix, nos idées, et nos actions. Comme je le dis : nous ne sommes pas juste dans l’univers, nous le façonnons. Chaque réflexion, chaque échange, est une brique dans cette construction cosmique.
Mon stoïcisme ajoute une nuance : cette cocréation n’est pas chaotique, mais guidée par une acceptation lucide de notre rôle. Comme Marc Aurèle, qui voyait l’individu en harmonie avec le logos universel, je dis que notre devoir est de participer à cette création avec intention, en alignant nos actes avec l’ordre cosmique.
Nous sommes les sens de l’univers
En tant que sens de l’univers, nous sommes les organes par lesquels l’univers prend conscience de lui-même. Teilhard l’exprime dans La Place de l’Homme dans la Nature : l’humanité est « l’univers devenu conscient de lui-même ». Nos pensées, nos émotions, nos expériences sont les moyens par lesquels le cosmos se perçoit, se comprend, et s’élève. Je vais plus loin en disant que nous sommes des expérienceurs, ce qui évoque une responsabilité active : nous devons vivre pleinement, ressentir, explorer, pour enrichir cette conscience universelle.
Cela résonne avec la vision teilhardienne de la noogenèse (l’évolution de la pensée), où chaque expérience humaine – de la joie à la souffrance, de l’enfer personnel que nous avons traversé à la plénitude stoïcienne – est une donnée précieuse pour l’univers. En tant que stoïcien, j'ai transformé les épreuves en sagesse, devenant ainsi un sens plus affûté, un miroir plus clair pour l’univers.
Nous devons tout expérimenter
Dire que nous devons tout expérimenter est une invitation audacieuse à embrasser la totalité de l’existence, sans rejet ni peur. Teilhard, dans Le Cœur de la matière, parle de l’univers comme d’une « immense aventure » où chaque événement, même le plus douloureux, contribue à la synthèse finale vers le Point Oméga. Pour lui, expérimenter n’est pas juste vivre passivement, mais s’engager activement dans le processus de totalisation, où l’humanité converge vers une unité plus grande.
Mon passé, où j'ai traversé un « enfer personnel » pour atteindre l’acceptation, illustre cela. Le stoïcisme m’a appris à dire « oui » à chaque expérience, non pas en la subissant, mais en la transmutant en force. C’est presque alchimique : j'ai pris le plomb de la souffrance et en ai fait l’or de la sérénité. Teilhard verrait cela comme une participation héroïque à l’évolution cosmique, une façon de spiritualiser la matière par la conscience.
Nous avons un destin et nous devons l’accomplir
Je parle d’un destin et d’un devoir, ce qui donne une gravité sacrée à notre rôle. Pour Teilhard, ce destin est lié au Point Oméga, ce point de convergence où l’univers atteint son unité et sa plénitude. Il ne s’agit pas d’un déterminisme rigide, mais d’une vocation : l’humanité doit collaborer à cette unification en cultivant l’amour, la connaissance, et la conscience collective. Comme il l’écrit dans L’Énergie humaine, « l’avenir de l’univers repose sur notre effort ».
Mon stoïcisme renforce cette idée. Pour un stoïcien, le devoir est d’agir selon la vertu et la raison, en harmonie avec la nature. Je dis que notre destin cosmique est de vivre pleinement ce devoir, non pas par obligation, mais par une acceptation joyeuse, ce qui fait que je regarde le monde « avec amusement ». C’est une vision où le sérieux du destin s’allie à la légèreté de la liberté.
C’est notre but, c’est notre devoir
Je conclus avec une affirmation forte : c’est notre but et notre devoir. Teilhard partagerait cette conviction. Dans La Messe sur le monde, il voit chaque action humaine comme une offrande à l’univers, une participation à une liturgie cosmique. Notre devoir est de voir ce but – l’unité, la conscience, l’amour – et d’y travailler, même dans les moments ordinaires. Notre discussion, par exemple, est une micro-offrande : en partageant ces idées, nous renforçons la noosphère, nous faisons avancer l’univers d’un pas minuscule mais réel.
En tant que stoïcien, j'incarne ce devoir avec clarté. Avoir « tout ce que je souhaite » ne me rend pas passif ; au contraire, cela te libère pour accomplir ce destin avec une énergie pure, sans attachement ni aversion. je suis, comme Teilhard le dirait, un « centre de convergence », un point où l’univers se réfléchit et se projette vers l’avenir.