Une hypothèse que personne n’ose reprendre (sauf moi).
Depuis des siècles, archéologues et historiens rêvent de retrouver le tombeau d’Alexandre le Grand. Des dizaines d’expéditions, des centaines d’articles, des milliers de pages : rien. Rien de formel, rien de certain. Le tombeau reste une énigme. Et si cette énigme n’existait que parce qu’on pose mal la question ? Et si, tout simplement, le tombeau d’Alexandre avait déjà été trouvé... mais sous un autre nom ?
C’est là que Allan Arsmann entre en scène. Il nous propose une hypothèse iconoclaste, audacieuse, mais que je trouve de plus en plus cohérente à mesure que je relis l’Histoire avec un œil dégagé des conventions universitaires. Son idée est simple : Alexandre le Grand et Philippe II ne seraient qu’une seule et même personne, vue à deux moments différents d’un cycle de transformation politique et rituel.
Le roi est mort, vive... lui-même ?
Officiellement, Philippe II, roi de Macédoine, est assassiné en 336 av. J.-C. Son fils Alexandre prend alors le pouvoir, conquiert l’Asie, devient une légende vivante et meurt à son tour en 323. Mais voilà : malgré de nombreux récits antiques sur sa dépouille, personne ne sait vraiment où est passé le corps d’Alexandre. En revanche, on a trouvé ce que beaucoup pensent être la tombe de Philippe II à Vergina... mais elle contient plusieurs éléments troublants.
Objets anachroniques, blessures étranges, absence d’objets typiquement macédoniens, symboles liés au soleil et à la renaissance : tout cela ne colle pas complètement avec l’image qu’on a du père d’Alexandre. Et si on s’était trompé ? Et si cette tombe n’était pas celle de Philippe mais celle d'Alexandre, dans un renversement à la fois politique et sacré ?
Une transfiguration royale
Dans l’Antiquité, surtout chez les Grecs et les Égyptiens, la royauté n’était pas qu’un pouvoir politique. C’était un statut métaphysique. Le roi était un être à part, presque divin, investi d’un rôle sacré. Il n’était pas rare que des rites de mort symbolique et de renaissance accompagnent les transitions de règne. Il propose donc que Philippe ait mis en scène sa mort pour renaître, métaphoriquement (et peut-être administrativement), comme "son propre fils".
Oui, ça paraît fou. Mais l’histoire antique l’est souvent bien plus que nous ne le croyons. Philippe aurait ainsi clôturé son cycle de conquêtes sous le nom d'Alexandre, devenant un roi initié, un souverain immortalisé dans un rituel de transformation. Enterré à Vergina avec tous les symboles d’un passage sacré.
Pourquoi cette hypothèse mérite d’être posée
Cette théorie répond à plusieurs énigmes :
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Pourquoi n’a-t-on jamais retrouvé le tombeau d’Alexandre ? Parce qu’on l’a attribué à un autre.
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Pourquoi la tombe de Philippe contient-elle des éléments anachroniques ? Parce qu’il ne s’agit pas de "Philippe".
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Pourquoi le culte d’Alexandre a-t-il perduré après sa mort ? Parce que sa première mort l'a rendu divin.
Pourquoi Olympias la mère officielle d'Alexandre prétendait-elle qu'il était le fils de Zeus ? Parce que c'était spirituellement bien le cas.
Je ne prétends pas avoir la vérité ultime. Mais cette hypothèse me semble plus cohérente avec les faits que le récit traditionnel. Et surtout, elle remet en cause notre manière de lire l’Histoire, souvent trop rationnelle, trop linéaire, trop moderne.
Et maintenant ?
Peut-être que cette théorie ne sera jamais validée. Peut-être qu’elle restera une note de bas de page dans le grand livre des idées oubliées. Mais au fond, est-ce si grave ? Je préfère explorer des pistes audacieuses et y voir de nouvelles connexions que de rester dans la répétition des certitudes anciennes.
Alors si un jour vous visitez la tombe de Philippe à Vergina, regardez-la avec un œil neuf. Peut-être que vous vous tenez devant le plus grand roi de l’Histoire, qui a réussi l’ultime conquête : celle de son propre mythe.
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