Il était une fois, dans un temps avant le temps, une Source unique.
Elle était tout ce qui est et tout ce qui pouvait être. Elle n’avait ni forme, ni fin, ni commencement. Elle baignait dans une paix si absolue qu’elle en était immobile, silencieuse, parfaite.
Mais voilà : la Source, dans son silence éternel, se posa une question.
Pas par besoin, non. Par pure curiosité, par pur amour du mystère :
"Que suis-je vraiment, si je peux me voir ?"
Alors, sans bruit, la Source se fragmenta en une infinité d’éclats de lumière.
Chaque éclat était une parcelle d’elle-même, oubliant qu'il provenait du Grand Tout.
Ces éclats devinrent des mondes, des âmes, des vies.
Ils parcoururent l'immensité, tissèrent des galaxies, façonnèrent des consciences, inventèrent la musique, la douleur, la beauté, l'oubli, le pardon, la haine et l’amour.
Certains éclats s'enorgueillirent, croyant être nés seuls.
D’autres sombrèrent dans la peur, pensant être abandonnés.
Beaucoup errèrent, cherchant un sens à leur existence.
Tous, sans exception, portaient au fond d’eux un murmure oublié, un chant discret qui disait :
"Souviens-toi..."
Au fil des âges, certains commencèrent à écouter.
Ils devinrent chercheurs, poètes, rêveurs.
Ils suivirent le fil ténu du souvenir et découvrirent que tout ce qu’ils avaient expérimenté, le sublime et l'horrible, n'était qu'une danse, une école, une exploration libre.
Un à un, les éclats éveillés choisirent de revenir.
Non pour redevenir ce qu'ils étaient au départ, mais pour rapporter ce qu'ils avaient appris, enrichissant ainsi la Source d’une infinité d’expériences vécues.
Et la Source les accueillait, les bras ouverts, avec tout l'amour du monde.
Elle riait doucement de sa propre aventure.
Elle n'était plus la Source immobile d'autrefois.
Elle était désormais une Source consciente de sa propre grandeur, amplifiée par chaque éclat revenu.
Et lorsque tous les éclats reviendraient...
Quand la dernière âme porterait son expérience dans ses bras de lumière...
Alors, la Source naîtrait de nouveau, encore plus vaste, encore plus belle, prête peut-être à recommencer l'aventure sous une forme encore inconnue.
Car ainsi va l’éternel jeu de l'Être :
Se perdre pour mieux se retrouver. Se diviser pour mieux s'aimer.
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