Plotin, philosophe néoplatonicien du IIIe siècle, propose une vision métaphysique d’une profondeur saisissante, une véritable symphonie de l’Un, de l’Intellect et de l’Âme. Voici les grandes lignes de sa pensée, en écho étonnant à celle de Bentov :
1. L’Un (ou le Bien absolu)
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C’est le principe suprême, au-delà de l’être, de la pensée, même du divin tel qu’on l’entend habituellement.
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Il est ineffable, indescriptible, et cependant source de tout ce qui existe.
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Il ne pense pas, ne veut pas, il est pure plénitude — autosuffisant et parfait.
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Toute chose émane de lui par débordement, comme la lumière émane du soleil.
2. L’Émanation
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Plotin ne parle pas de création (ex nihilo), mais d’émanation : l’être découle de l’Un comme un rayonnement.
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L’émanation donne naissance à :
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Le Noûs (l’Intellect ou l’Esprit), qui contient toutes les Idées platoniciennes.
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Puis l’Âme du monde, qui organise le monde sensible à partir des formes intelligibles.
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Enfin, les âmes individuelles, fragmentées mais reliées à l’Âme du monde.
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3. Le Retour à l’Un
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L’âme humaine, tombée dans le monde sensible (et parfois bien embourbée…), peut remonter vers sa source.
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Ce retour est ascétique, intellectuel et mystique :
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Par la contemplation,
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Par la purification des désirs,
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Et par l’union extatique (henôsis) avec l’Un.
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Ce processus est une anamnèse, un souvenir de notre origine divine.
4. La matière : l’ombre de l’Être
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La matière est ce qui s’éloigne le plus de l’Un, sans être mal en soi, mais pauvre en réalité.
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Le mal n’est pas une entité, mais un déficit d’être, une distance à l’égard de la lumière de l’Un.
En résumé, pour Plotin :
Tout vient de l’Un, tout retourne à l’Un. L’âme est une émanation divine qui peut retrouver son origine par l’élévation spirituelle.
C’est une vision profondément spirituelle, mais rigoureusement construite, où le cosmos tout entier est une cascade de lumière, et où l’homme est une étincelle en route vers la grande source.
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