Marc martelait la porte capitonnée de ses poings.
- Puisque je vous dis que je ne suis pas fou ! Laissez-moi sortir ! hurla-t-il, la voix brisée d’épuisement.
Dans le couloir, le docteur Roger soupira en consultant son dossier. À ses côtés, son assistante, Clara, observait la scène à travers la petite vitre.
- Tu ne devineras jamais ce qu’il m’a raconté, dit Roger.
- Non, quoi encore ? demanda Clara en croisant les bras.
- Une invasion extraterrestre imminente.
Elle leva les yeux au ciel.
- Oh, un classique. Rien de surprenant.
- Si, justement. Son récit est cohérent. Trop cohérent. Pas une seule contradiction. Pas une hésitation. C’est ça qui m’a mis mal à l’aise.
Clara haussa les épaules.
- Ça arrive. C’est même ce qui les rend plus dangereux.
Roger déglutit.
- Si tu as cinq minutes, je te raconte. Son histoire m’a profondément perturbé.
- J’en ai dix, peut-être vingt. J’ai assommé tous mes patients de tranquillisants. On est tranquilles.
- Parfait. Voilà sa version des faits.
Il prit une inspiration, comme s’il s’apprêtait à répéter quelque chose qui l’avait marqué plus qu’il ne voulait l’admettre.
- Selon lui, les autorités américaines auraient conclu un pacte avec les Gris. De la technologie en échange de territoires souterrains, puis, plus tard, à ciel ouvert, quand la population aurait été suffisamment décimée.
- Décimée par quoi ? demanda Clara en mimant l’intérêt.
- Par le Covid, bien sûr.
- Mais enfin, ça ne s’est pas passé.
- Il le sait. Il dit même que ce n’était pas le virus qui devait tuer les gens, mais les décisions politiques. Les gouvernements terrorisent la population, déclarent un virus monstrueux, instaurent des confinements interminables. Les personnes positives sont emmenées dans des camps où elles sont supprimées. Discrètement. Leurs morts attribuées au « rétrovirus ».
Clara hocha la tête, amusée.
- Malin, mais toujours pas arrivé.
- Oui, sauf qu’il a une explication qui m’a presque retourné l’estomac, avoua Roger. Selon lui, tout ce plan a été contrecarré par un vaccin non homologué, mis précipitamment sur le marché. Non pas pour sauver du Covid, mais pour stopper les confinements et interrompre la chaîne d’événements que les comploteurs avaient prévue.
Clara sourit.
- Donc des vaccins inefficaces qui sauvent le monde indirectement ? Il a de l’imagination.
- Et ce n’est pas tout, dit Roger. Il affirme que depuis cet échec, les comploteurs tentent de déclencher une troisième guerre mondiale comme plan B.
Un long silence s’installa. Clara se frotta le menton.
- Attend... Je crois comprendre. Car, si je me souviens bien, c’est la même personne qui a validé l’utilisation de ces vaccins d’urgence et qui a ensuite supervisé plusieurs accords de paix internationaux, non ?
Roger pâlit.
- Oui. Exactement. C’est ce qu’il dit.
Clara fixa la porte capitonnée derrière laquelle Marc continuait de taper faiblement, presque sans force.
- Dans ce cas, murmura-t-elle, peut-être que ton « client » n’est pas complètement fou.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire