On raconte qu’au bout du port, là où se trouve une plate-forme en pierre circulaire au bout d'un canal d'eau entouré de pots de fleurs, vit un vieux phare qui ne s’éteint jamais. Il a vu passer mille navires, mille voiles, mille personnes. Mais il en garde une, dans sa mémoire, comme on garde une chanson qui ne s’efface pas.
C’était une gondole à deux mâts, fier et vif, qui semblait connaître chaque pli du vent. Un jour, elle accosta. De longues matinées suivirent, amarré au quai, où l’on parlait du temps, de la vie, et même des monstres qui rôdent au large. Le phare éclairait ces discussions, comme s’il voulait retenir chaque mot.
Puis, un matin, l'embarcation leva l’ancre. Elle partit vers le nord, là où l’horizon se couvre de glace et où les flocons se posent sur les voiles comme des promesses gelées. De temps à autre, contre toute attente, elle revenait un instant, avant de disparaître à nouveau, toujours maître de sa route.
Alors, chaque année, à la même date et à la même heure matinale, le phare renforce sa lumière. Non pas pour rappeler le navire car le phare sait que les bateaux suivent leur propre cap, mais pour lui dire merci. Merci d’avoir un jour illuminé ses nuits, et d’avoir laissé, dans ses pierres, la chaleur d’un feu qui ne s’éteindra jamais.
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