Il ne manquait plus que quelques fleurs de glace pour que Mini-souci puisse accéder au raid Glacerus. Alcibiade avait décidé de les ramasser lui-même. Un geste simple, presque rituel. Un retour au terrain, à la base.
Il retourna à la Couronne de Glace.
Le vent y était toujours aussi coupant, le silence toujours aussi dense.
Mais il n’était pas seul.
Un joueur se était là, faisant des allers-retours erratiques.
Il ne faisait rien de spectaculaire. Il ramassait une fleur de temps en temps. Mais surtout… il parlait.
À voix haute.
Un flot de paroles, ininterrompu, qui ressemblait à une conversation, mais sans interlocuteur.
- …et puis y’avait ce jour-là où j’ai voulu sortir, mais la lumière était trop forte, et j’ai laissé tomber, j’ai dormi encore seize heures, je crois, mais personne n’a remarqué, c’est toujours comme ça, tu sais, on s’efface et on se rend compte que le monde tourne quand même…
Alcibiade s’arrêta à quelques pas. Étonné. Méfiant. Il regarda autour de lui. Aucune autre personne. Aucune communication à distance apparente.
- Tu sais que tu parles dans le vide ? Tu pourrais… envoyer des messages privées, ou…
- Oh, je sais, répondit-elle sans s’interrompre. C’est juste que si je parle dans le vide, au moins quelqu’un peut entendre. Peut-être. Je ne sais pas. C’est plus simple comme ça.
Il continua. Pendant des heures.
Des souvenirs, des pensées, des douleurs. Des phrases sans début ni fin, mais remplies d’une forme de solitude qui suintait par les mots.
Alcibiade ne comprenait pas tout. Mais il resta.
Et il écouta.
Les jours suivants, il revint. Il tenta de comprendre qui il était. Il découvrit qu’il ne s’agissait pas d’une “voix bizarre” mais d’un jeune expansif mais fragile. Fatigué du monde, usé avant l’âge, enfermé dans un corps maladif.
Il parlait comme on s’accroche.
Chaque mot était une perche lancée au hasard.
Alors Alcibiade, lui répondit. Pas tout de suite. Mais vraiment.
Il parla avec lui des choses de la vie. De la douleur. De l’ennui. Du besoin d’exister, même quand personne ne regarde.
Ce n’était pas une mission. Pas un rôle. Juste… la vie.
Mais un jour, il dut s’éloigner.
Parce qu’il fallait choisir entre la logique et s’effondrer avec lui, ou continuer à tenir ferme, un peu trop ferme peut-être.
Mais il n’oublia jamais pourquoi il avait parlé. Pourquoi il avait écouté.
Pourquoi, parfois… on tente de rattraper des âmes qui tombent.
Et même si on ne les sauve pas…
on leur montre qu’elles ont existé.
(son pseudo restera un secret, ce gars est toujours vivant et c'est tant mieux ou tant pis selon lui)
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