jeudi 10 avril 2025

"Chapitre I : Ce Qui Reste du Feu"

Le vent soufflait bas sur le port de Nosville. Entre les ruelles de pierre usée, les lanternes vacillaient dans le crépuscule, comme si elles hésitaient à s’éteindre ou à s’enflammer. Alcibiade observait la place du vieux marché depuis les hauteurs de sa tour, une cape de laine posée sur ses larges épaules. Dix ans l’avaient éloigné du fracas des batailles, mais ses yeux de soldat n’avaient rien perdu de leur précision.

Il l’avait reconnu dès son arrivée. Ypoons marchait plus lentement qu’avant, le dos un peu voûté, mais l’aura restait intacte. Le feu bleu de son bâton brillait à peine, comme s’il voulait lui aussi éviter les regards.

L'Escrimeur inspira profondément. Depuis que Spock était mort, le silence lui tenait souvent compagnie. Spock, ce vieux bougre d’écureuil qui refusait de dormir ailleurs qu’à ses pieds. Il l’avait enterré au pied du chêne aux cinq lunes, là où le vent ne s’arrêtait jamais.

Il savait que Gandalf était mort lui aussi. Un chien-loup, immense, presque éternel dans leurs souvenirs de guerre. Il avait appris la nouvelle par un marchand de l’Est, qui parlait un peu trop quand il avait bu.

Ypoons n’était pas venu frapper. Il s’était contenté de passer, de laisser voir sa silhouette, de faire savoir qu’il était là. Le message était clair : « Je suis vivant. À toi de décider si ça compte encore. »

Alcibiade prit une plume. Son écriture n’avait jamais été belle, mais il savait que les mots avaient leur propre chevalerie.

Ypoons,

On dit que le deuil est plus facile avec le temps. Je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Spock est parti l’an dernier. Depuis, il fait trop calme ici.

J’ai appris pour Gandalf. Il était plus que ton ombre. Il était la meilleure part de tes parties de chasses, comme Spock l’était de la mienne.

Je n’ai pas oublié la dernière fois. Ni les mots qu’on n’a pas eus. Ni ceux qu’on a trop dit.

Si tu veux parler, la porte est ouverte. Et si tu préfères le silence, je comprendrai aussi.

- Alcibiade

Il plia le parchemin sans le sceller. Ce genre de message n’avait pas besoin de cire, juste de vérité. Il le donna au jeune écuyer chargé de courir entre les tavernes de la ville.

Lorsque l’enfant franchit le seuil, Alcibiade se redressa et regarda à nouveau la place. Ypoons n’était plus là. Mais quelque chose dans l’air avait changé. Comme une tension qui cède. Comme une vieille blessure qui cesse de faire mal — juste assez pour tendre la main.


(moi, seul quelque part ; j'ai récemment appris, car ypoons m'a reprit en ami, la mort de Gandalf le chien de yppons qui est mort presque en même temps que mon propre chien qui ne s'appelait pas Spock mais Whisky)

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