Alcibiade avait mis la main sur la liste. Ou plutôt sur un vieux carnet jauni, tenu à jour par habitude plus que par espoir. Des noms. Des anciens. Des frères et sœurs d’armes.
Certains étaient morts. D’autres portés disparus. Mais quelques-uns… quelques-uns respiraient encore.
Il trouva Maryse dans une ruelle du quartier Repos du Dragon, accroupi sur un toit, son arc tendu vers un boutiquier qui criait un peu trop fort.
- Non je rêve, Alcibiade, s'exclama-t-il.
- Toujours théâtral, hein, Maryse ?
L’archer se retourna d’un geste fluide. Visage maquillé, robe de cuir noir, chapeau à plume.
- Je pensais que t’étais devenu moine.
- Ce n'est pas complètement faux ! Et toi, toujours sous couverture ?
- Bien sûr. Une femme attire moins l’attention, jusqu’à ce qu’elle tire entre les deux yeux.
Il descendit avec grâce, ajusta son corset imaginaire, puis tendit une petite cage étrange à Alcibiade.
- Cadeau. Pour remplacer Spock. Oui, j'ai appris sa mort. Je te présente Dino Vorex.
À l’intérieur, une petite créature reptilienne à la crinière orange grogna doucement. Taille d’un gros chat, regard vicieux, écailles bleutées.
- Il est un peu lunatique, mais loyal. Et il mord les chaussures.
Alcibiade sourit. Maryse, fidèle à lui-même, dans toute son étrangeté.
- Rejoins Mini-soucy ma nouvelle Famille.
- J’aime le nom. Ça me parle. Compte sur moi.
Deux jours plus tard, au détour d’une taverne en bord de l'eau, il retrouva 95 Lion.
Toujours vêtu comme un prince, les cheveux longs noués, entouré de trois jeunes femmes qui semblaient suspendues à ses moindres mots.
- Alcibiade, vieux débris ! dit-il en se levant, bras ouverts. Voilà dix ans que je bourlingue, mais pas un jour sans qu’on me parle de toi.
- Et tes 95 maîtresses ?
- Toujours en rotation. J’ai arrêté de compter. Mais toi, tu comptes toujours pour moi.
Il l’embrassa à la façon du Nord, puis s’assit.
- Tu me veux pour une guilde, c’est ça ?
- T’es toujours aussi bon ?
Lion leva la main. Une boule de feu dansa entre ses doigts.
- Je suis meilleur. Et je suis avec toi.
Plus tard, dans une bibliothèque reculée du Camp Marchand Ouest, Alcibiade croisa Metal-Grid, un magicien qu’il n’avait connu que sur les derniers mois de l’ancienne guilde. Discret, appliqué, mais sans éclat à l’époque.
Aujourd’hui, il flottait à un mètre du sol, entouré de livres de héros oubliés qui lévitaient autour de lui.
- Alcibiade. Je m’attendais à te voir un jour.
- Tu as progressé.
- Je travaille. Beaucoup.
- Envie de remettre les pieds sur un vrai terrain ?
Metal-Grid sourit, un sourire rare mais profond.
- Si Lion est avec toi, je viens aussi. On se complétera.
Dans un champ, Alcibiade aperçut un vieil homme en train de tirer à l’arc sur des Poules et des Danders. Il avait le dos voûté, la barbe touffue, et l’air de quelqu’un qui préférait ne pas être dérangé.
- Joe Lamoule ?
L’homme tourna la tête.
- Ce nom est mort. Appelle-moi Merguez. Moins de problèmes avec les autorités.
- Je me fous de ton nom. Je veux ton arc. Je vois que tu n'es plus escrimeur.
Un silence.
- T’as une guilde ?
- Oui ! Tu veux en être ?
Merguez souffla longuement par le nez, décocha une autre flèche.
- T’en as d’autres avec toi ?
- Maryse. Lion. Metal-Grid. Ypoons bientôt !
- Bon sang… C’est reparti, hein ?
Il s’étira et ramassa son carquois.
- Alors c’est oui. Mais je resterai en arrière je ne veux pas qu'on me reconnaisse.
- Marché conclu. Tu ne sera pas sur la photo de famille.
Le groupe commençait à se reformer. Différents. Cabossés. Mais là. Vivants. Prêts.
(Maryse m'offrant un Dino Vorex ; Joelamoule est effectivement devenu Merguez ; 95Lion n'a pas 95 maîtresse mais il est du 95 ; Metal-Grid était bien un jeune mage de la dernière année no-soucy)
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