"Zeus, le tueur des Titans"

Dans les ténèbres profondes de l'antiquité, lorsque le monde était encore jeune, une prophétie funeste résonnait dans le palais de Kronos, roi des Titans. La tradition affirmait que l'un de ses enfants le détrônerait. Terrifié par cette perspective, Kronos décidait de dévorer chacun de ses enfants dès leur naissance. Mais l'histoire de Zeus, le plus jeune d'entre eux, prit une tournure différente.

Rhéa, la mère de Zeus, accablée par le chagrin et la douleur de voir ses enfants dévorés, mit au monde son dernier fils dans le secret le plus total. Elle remit à Kronos un autre enfant enveloppé dans des langes, que le titan avala sans suspicion. Zeus, l'enfant miraculé, fut ainsi sauvé du terrible rituel.

En grandissant, Zeus fut élevé loin du regard de son père, caché sur le mont Ida en Crète. Conscient de son destin et de l'horreur perpétrée par Kronos. La Titanomachie, la guerre contre les Titans éclata. Elle fut un conflit titanesque qui dura dix ans. Zeus mena les dieux, d'anciens Titans, à la victoire. Kronos et ses alliés furent vaincus et emprisonnés dans le Tartare, une prison sombre et abyssale, c'est à dire le ventre de Zeus.

Après la victoire, Zeus se consacra à instaurer un nouvel ordre. Il voulait mettre fin à la barbarie des Titans mangeurs de chair humaine. Convaincu que la consommation de chair humaine était la source de beaucoup de maux, il décréta une loi interdisant aux hommes de se livrer à l'anthropophagie. Cependant, Zeus comprenait que changer la nature des anciens Titans qui s'étaient ralliés à lui pour former les dieux de l'Olympe était impossible. Ils seraient une exception à la règle, mais cette exception était un compromis pour un avenir meilleur.

Bien que les dieux de l'Olympe, désormais au sommet de la chaîne alimentaire, restassent anthropophages, l'interdiction faite aux hommes, d'êtres des Titans, c'est à dire de manger de la chair humaine, représentait un progrès significatif. Les hommes, libérés de la crainte de cette pratique, purent vivre dans une société plus juste et ordonnée. Zeus, en instaurant cette loi, devint un héros tragique. Bienfaiteur de l'humanité, il portait cependant en lui la culpabilité de l'anthropophagie, un fardeau hérité de ses ancêtres titanesques.

La position sociale des dieux reposait sur cette distinction fondamentale : seuls les dieux pouvaient se permettre certains privilèges. En contrôlant cette pratique, Zeus espérait maintenir l'ordre et limiter le mal. Il comprenait que pour éradiquer totalement cette barbarie, il fallait en restreindre l'accès et en réguler les conséquences.

Ainsi, Zeus, le tueur des Titans, éleva l'humanité au-dessus des pratiques barbares de ses ancêtres. Il devint un symbole de justice et de progrès, malgré les contradictions et les compromis qui marquaient son règne. Les lois qu'il établit devinrent la fondation d'un nouvel âge, où les hommes, libérés de la terreur des Titans, purent prospérer sous la protection bienveillante mais complexe des dieux de l'Olympe.

(texte basé sur les travaux d'Allan Arsmann)