lundi 7 avril 2025

Et si la matière noire n'existait pas ?

Ou comment le modèle JANUS pourrait bien réconcilier Einstein, l'antimatière et l'univers invisible

Nous sommes dans une impasse. Le modèle standard de la cosmologie, aussi rutilant qu'il paraisse, a tout d'un édifice rafistolé. Pour expliquer les incohérences entre les observations et la théorie, on a ajouté de la matière noire, de l'énergie noire, des inflations miraculeuses... Mais toujours aucune preuve directe. Rien. Le vide. Le silence cosmique.

Pourtant, si ces "absences" étaient justement la clé ? Et si tout ce que nous ne voyons pas était bien là, mais dans un autre feuillet de la réalité ?

C'est le pari du modèle JANUS, une théorie bimétrique initiée par le physicien français Jean-Pierre Petit, prolongeant une intuition du génie soviétique Andreï Sakharov. L'idée : notre univers aurait un jumeau inversé, un miroir cosmique dans lequel le temps s'écoule à rebours et la masse est négative. Un anti-univers, invisible pour nous mais bien réel.

Dans ce cadre, la gravité ne se limite pas à la simple courbure de notre espace-temps. Elle devient une interaction entre deux feuillets : le nôtre, peuplé de matière positive et de photons visibles, et un feuillet jumeau, peuplé de matière à masse négative, invisible car ne rayonnant pas dans notre espace-temps. Or, cette matière gémellaire expliquerait très bien ce que nous appelons « matière noire » : un effet gravitationnel sans source visible.

Petit pousse le modèle plus loin. Avec des équations précises, il démontre que les proportions observées dans l'univers (∼5% de matière ordinaire, ∼25% de matière noire, ∼70% d'énergie noire) peuvent être obtenues sans inventer de particules hypothétiques, juste en tenant compte de l'interaction entre ces deux feuillets. Mieux encore : le modèle prédit des effets testables, comme certaines anomalies de trajectoires ou des signatures gravitationnelles singulières.

Philosophiquement, l'impact est vertigineux. Le temps a un envers. L'antimatière n'a peut-être pas disparu : elle vit sa vie dans un monde qui s'éloigne du nôtre, dans un écoulement temporel inversé. Et la gravité elle-même, dernier bastion de la physique classique, devient le trait d'union entre deux mondes qui s'ignorent.

Faut-il y croire ? Rien ne l'oblige. Mais le modèle JANUS coche trois cases essentielles de la bonne science : il est rationnel, explicatif, et cohérent avec l'observation. Il ne remplace pas les mystères par d'autres mystères. Il les réduit. Il unifie. Et surtout : il ose.

« Ce que nous appelons réel est fait de ce que nous ne pouvons pas voir. » disait Bohr. Peut-être, aujourd'hui, commence-t-on enfin à comprendre pourquoi.

Billet rédigé après barbecue et illumination. Pour aller plus loin, on pourra se plonger dans les publications de Jean-Pierre Petit sur januscosmologie.com ou sa chaîne YouTube, où les modèles sont présentés avec force animations (et passion).

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