La vie d'un Lutin, une partie de plaisir, dites-vous ? Permettez-moi de réfuter ce préjugé trompeur ! Certains pensent que notre tâche ne s'effectue qu'une fois par an - une idée étonnamment fausse. Le grand tourbillon de notre travail s'embrase dès la deuxième semaine de janvier. Surprenant, n'est-ce pas ? Nous ne disposons que d'une brève semaine de répit, malgré nos revendications incessantes auprès des syndicats du fantastique et au grand manitou lui-même. Et croyez-moi, les accidents du travail ne sont pas un mythe, loin de là. Ma grand-mère Gigi m'a toujours raconté l'histoire effrayante de Pépé Roro, qui a péri dans l'incendie d'une cheminée négligée. Bien que je reste sceptique, cela fait frémir.
Pendant l'année, je m'affaire en tant que manutentionnaire dans l'usine principale de jouets, celle qui produit poupées et petites voitures, et non pas dans le confortable poste de mon cousin Riri. Ce dernier mène la belle vie, surveillant les enfants des campagnes, attribuant bonnes et mauvaises notes en prévision de Noël. À mesure que décembre s'approche, la pression s'abat sur nos oreilles pointues comme un marteau. Des journées de 16 heures pour rattraper le retard n'étaient pas rares. À ce moment-là, je maudis Riri pour sa clémence excessive : "Pourquoi as-tu si bien noté ce petit démon, veux-tu ma mort, c'est ça ?"
Le jour J, on doit se parer de nos plus beaux atours, ou plutôt de nos "25" comme nous aimons dire chez nous. Vous saisissez le jeu de mots, j'imagine. Nos costumes, entièrement confectionnés en laine, nous irritent la peau jusqu'à l'exaspération. Il est communément admis que le Père Noël est le seul artisan de la magie de Noël. Encore une fois, vous vous méprenez lourdement. Sans nous, les lutins, point de cadeaux. Pendant que vous vous reposez dans la chaleur de votre lit, moi et mes comparses nous agitons dans tous les sens pour assurer votre joie et celle de vos petits. Alors, quand j'entends dire que nous, les Lutins, avons la vie facile, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire !
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