Bon Ok les frères Bogdanov avait été accusés de plagiat pour des passages du livre en 1991 mais on s'en fout ce qui compte c'est le message. J'ai eu l'occasion ce mois-ci de me procurer ce livre pour la modique somme de 1 euro et puis c'était l'occasion de découvrir le philosophe Jean Guitton dont j'avais seulement entendu parler. Ce livre est une discussion entre un philosophe et deux journalistes scientifiques (ils n'avaient pas encore leur doctorat en 1991).
Le livre commence par l’opposition classique entre spiritualité et science, mais cherche une voie intermédiaire, proposant que l’univers n'est pas une simple mécanique, mais le fruit d’une pensée métalogique. Il est souligné que la science possède des limites physiques à la connaissance, comme la constante de Planck, et que la réalité "en soi" n’existe pas vraiment, ouvrant la voie à une nouvelle cosmologie. La théorie quantique oblige à abandonner l’idée traditionnelle de la matière solide et tangible pour comprendre le réel.
Questions fondamentales : Pourquoi l’univers existe-t-il ? D’où vient la matière, l’énergie ?
Remontons dans le temps : de la matière de la terre, aux nuages interstellaires, à l’explosion d’étoiles, jusqu’au Big Bang où l’univers tenait dans une tête épingle. Les premières fractions de secondes voient des phénomènes plus importants que tout ce qui s’ensuivra : forces fondamentales, apparition de la particule X, naissance des quarks, électrons, photons.
L’univers se dilate, se refroidit, les étoiles apparaissent après des centaines de millions d’années.
Pour Guitton, Dieu est le temps lui-même, une dimension transcendantale.
La science ne peut pas expliquer ce qui précède l’univers ; les physiciens butent sur le mur de Planck. Certains, comme David Bohm (dont j'ai consacré un ou deux articles), suggèrent une source créatrice éternelle au-delà de l’espace-temps.
Le vide quantique n’est pas vraiment vide.
Il faut de l’énergie pour que la matière émerge, mais l’origine de cette énergie reste mystérieuse. Trois indices majeurs attestent du Big Bang : âge des étoiles, lumière des galaxies, rayonnement fossile.
Le mystère de la vie
Apparition de la première cellule : la vie est-elle due au hasard ou à la nécessité ?
Au niveau élémentaire, papillon et caillou sont identiques, mais la vie est plus riche en information. D’où vient cette information ? L’ADN est d’une complexité extrême. Les calculs de probabilité montrent que l’apparition de la vie par hasard est pratiquement impossible. Francis Crick parle de « miracle » pour expliquer l’origine de la vie.
La vie, comme l’univers, serait née d’un chaos primordial, via de phénomènes d’autostructuration.
L’univers, hasard ou volonté ?
L’univers semble finement réglé : des constantes physiques extrêmement précises permettent l’existence de la vie. La probabilité d’un univers « par hasard » est quasi nulle, suggérant une volonté ou une intelligence à l’œuvre. Pour Bergson, Dieu est un créateur libre ; Guitton et Teilhard de Chardin voient une conscience à l’origine de la matière.
La nature profonde de la matière
Les particules élémentaires (quarks, électrons, photons) sont des champs vibratoires, sans substance matérielle au sens classique. La matière n’a pas de fond "solide" : tout est champ et vibration. Le temps et l’espace sont des projections.
Matière et conscience
L’expérience de la double fente en physique quantique montre que l’observation est nécessaire à l’existence définie des particules. Guitton comme Teilhard de Chardin suggèrent une conscience rudimentaire des particules. Certains physiciens, comme Evan Walker, associent la conscience à des phénomènes quantiques.
Multivers et observation
L’idée d’univers multiples est évoquée.
Selon Guitton, notre univers serait le résultat d’un effondrement de « fonction d’onde » provoqué par un observateur extérieur. Mais qui observe l’univers ?
Le lien entre matière, vie et conscience
Plus on explore la structure de l’univers, plus on trouve un fondement universel reliant matière, vie et conscience (de Chardin). Les particules élémentaires semblent gouvernées par une force organisatrice.
Les deux doctrines fondamentales : Matérialisme et spiritualisme s’affrontent.
Les découvertes du XXe siècle (Heisenberg, Lemaître, Einstein, de Chardin) ont bouleversé notre vision du réel. Les idéalistes pensent que nous participons à la réalité, nous ne sommes pas que des observateurs passifs. L’univers aurait un code secret, un « code cosmique » (Pagels). Pour Bergson, « l’univers est une machine à faire des dieux ».
Conclusion
Le livre propose une vision où science et spiritualité ne sont plus opposées, mais complémentaires. L’univers, la vie, la conscience semblent répondre à des lois profondes et mystérieuses, suggérant une dimension transcendante ou une intelligence profonde à l’œuvre dans la réalité.
C'est assez stupéfiant de constater qu'ils disent exactement ce que je dis en ayant de plus les mêmes références que moi. Igor et Grichka Bogdanov seront un jour réhabilité pour leurs idées malgré leurs défauts.
(A chaque fois que je lis un essai je prend des notes, trois pages dans le cas de ce livre de 250 pages. Cet article est un résumé de mes notes)