jeudi 20 février 2025

Résumé de l'affaire Bétharram

L’affaire Bétharram concerne des accusations de violences physiques, agressions sexuelles et viols perpétrés sur des élèves de l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, situé dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1950 et 2010. Plus de 130 plaintes ont été déposées à ce jour, visant des prêtres, surveillants et autres membres du personnel de cet internat réputé pour sa discipline stricte. L’enquête, ouverte par le parquet de Pau en 2024, a révélé une ampleur "tentaculaire", avec des faits souvent prescrits mais dont certains, comme un viol en 1996, restent poursuivables.

François Bayrou, actuel Premier ministre français, est au cœur de la polémique en raison de ses liens avec l’établissement et de son rôle politique passé. Plusieurs de ses enfants y ont été scolarisés, et son épouse y a enseigné le catéchisme. Lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale (1993-1997), une première affaire éclate en 1996 : un surveillant est condamné pour avoir violemment frappé un élève, camarade de classe de son fils. Bayrou ordonne alors une inspection académique, qui conclut que l’établissement ne maltraite pas ses élèves, un rapport aujourd’hui critiqué pour son manque de profondeur. En 1998, alors président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, il rencontre le juge Christian Mirande, qui instruit une affaire de viol impliquant le directeur de l’époque, Pierre Silviet-Carricart. Ce dernier se suicide en 2000 avant son procès.

Les accusations contre Bayrou portent sur une possible inaction ou dissimulation. Des témoins, comme une enseignante et le juge Mirande, affirment l’avoir informé des violences, voire des abus sexuels, dès les années 1990. Mediapart et d’autres médias ont exhumé des preuves, comme une visite de Bayrou en 1996 où il défend l’établissement, ou des signalements ignorés. Ses opposants, notamment à gauche, l’accusent d’avoir menti en affirmant n’avoir « jamais été informé » de ces faits, devant l’Assemblée nationale en février 2025. Bayrou se défend en soulignant qu’il a agi dans les limites de ses fonctions (via l’inspection de 1996) et que d’autres, comme le gouvernement Jospin (1997-2002), étaient informés par le procureur sans réagir.

La controverse s’intensifie avec des appels à sa démission, portés par des figures comme Manon Aubry ou Paul Vannier (LFI), qui y voient un « scandale d’État ». Bayrou, sous pression, a promis des moyens supplémentaires pour l’enquête et une réflexion sur la prise en charge des victimes, tout en maintenant qu’il ignorait les abus sexuels à l’époque. Les récentes gardes à vue de trois suspects, annoncées le 19 février 2025, relancent le débat sur sa responsabilité, entre omission et déni, dans un dossier qui mêle proximité personnelle et devoir politique.





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